Jannik Sinner, la « saison presque parfaite » mais année en clair-obscur du nouveau patron du tennis mondial

Le doute n’est plus permis : le patron du circuit, c’est lui. Comme la veille face au Norvégien Casper Ruud (7e mondial), Jannik Sinner n’a pas traîné pour se débarrasser, dimanche 17 novembre de l’Américain Taylor Fritz. Vainqueur sans appel (6-4, 6-4), le numéro un mondial a remporté le Masters, tournoi réunissant les meilleurs joueurs de la saison, conclusion d’une saison retentissante. Un an après s’être incliné en finale du « tournoi des maîtres » face à Novak Djokovic, l’Italien a acté sur ses terres de Turin le changement d’ère, dimanche. Même s’il partage les titres en tournois du Grand Chelem avec Carlos Alcaraz (deux chacun, lui à l’Open d’Australie et l’US Open), il est l’incontestable le numéro un cette saison.
A 23 ans, le joueur descendu des montagnes du Haut-Adige pour devenir le premier numéro un mondial italien de l’histoire a écrasé le circuit du tennis professionnel. Dimanche, il a remporté sa 70e victoire de la saison, pour six petites défaites.« On dirait qu’il a oublié comment on perd, résumait Casper Ruud à la veille de l’affronter à Turin. Il a réalisé une saison presque parfaite, il va falloir qu’il se calme la saison prochaine. » Comme les autres, le Norvégien n’a rien pu faire face à l’implacable Transalpin, qui ne laisse que rarement transparaître ses émotions, mais agrippe ses adversaires pour ne plus les lâcher. « C’est mon premier titre en Italie, j’en avais vraiment envie, ça restera quelque chose de spécial, a commenté l’Italien après son sacre au Masters – où il n’a pas perdu le moindre set. C’était un tournoi de très haut niveau pour moi. »
A le voir jouer et éparpiller avec minutie chaque adversaire depuis près d’un an, difficile d’imaginer que Jannik Sinner vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, qui pourrait lui faire manquer la saison 2025. En dehors des cours, sa saison 2024 a été percutée par un contrôle positif au clostebol, un anabolisant interdit, et une polémique. Gardé sous silence par les instances, ce test positif a été dévoilé, fin août par l’Agence internationale pour l’intégrité du tennis (ITIA) en blanchissant le numéro un mondial, « contaminé involontairement ».
Un traitement de faveur – là où d’autres ont été préventivement suspendus – qui a animé le monde de la petite balle jaune, le Canadien Denis Shapovalov dénonçant, par exemple « des règles différentes suivant les joueurs. » D’autant que fin septembre, l’Agence mondiale antidopage a fait appel de la non-suspension de Jannik Sinner, réclamant « un à deux ans » de suspension pour le tennisman italien – qui avait entre-temps décroché un deuxième titre du Grand Chelem, à Flushing Meadow (New York).
Devenue une icône en Italie – la Sinnermania a déferlé à Turin la semaine du Masters –, le nouveau patron du circuit mondial a reconnu avoir passé une année en clair-obscur. Souvent discret devant les micros, Jannik Sinner s’est livré, fin octobre, dans un entretien à Sky Sports Italia. « C’était une période vraiment délicate, vraiment difficile parce que je ne savais pas comment je devais me comporter et ce qui m’attendait, a-t-il relaté au sujet du moment où il a appris son contrôle (en mars) puis celui de son absolution (fin août). Habituellement je garde toujours le contrôle, mais là, c’était très facile de le perdre. »
S’il assure avoir « gagné beaucoup de matchs au mental » cette saison, Jannik Sinner déploie depuis un peu plus d’un an – et un sacre avec l’Italie en Coupe Davis – un jeu évoquant la machine implacable qu’était Novak Djokovic lorsqu’il dominait le circuit mondial. « J’ai l’impression qu’il a progressé dans absolument tous les secteurs du jeu », concluait Casper Ruud vendredi. En attendant de connaître son sort face à l’AMA, à 23 ans, le tennisman venu des montagnes qui confiait, timidement, en 2019 « rêver de devenir numéro un mondial et de remporter des titres du Grand Chelem, sans [se] précipiter », est fermement juché au sommet du tennis mondial.
Service Sports
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